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Madonna: "Nous avons tous abandonné Michael Jackson" (vidéo)

Madonna miniature

Publié le 15 septembre 2009

Madonna a fait un très beau discours sur Michael Jackson en ouverture des MTV Awards qui se tenaient à New York ce week-end.
Janet Jackson a ensuite rendu hommage à son frère avec leur duo Scream. La cérémonie s’est fermée par la bande-annonce du film tiré des répétitions de This is it en salles le 28 octobre.

Voici la traduction du discours de Madonna dans son intégralité.  :

"Michael Jackson est né en août 1958, comme moi. Michael Jackson a grandi dans une banlieue du Midwest, moi aussi. Michael Jackson a huit frères et soeurs, tout comme moi. A six ans, il est devenu une star et était peut être l’enfant le plus aimé du monde. A six ans, j’ai perdu ma mère. Je n’ai jamais eu de mère mais il n’a jamais eu d’enfance. Quand on est privé de quelque chose, on peut devenir obsédé par cette chose. J’ai grandi en recherchant l’image d’une mère et j’ai parfois réussi, mais comment voulez-vous vous créer une enfance lorsque vous êtes sous le feu des projecteurs ?

Il ne fait aucun doute que Michael Jackson était l’un des plus grands talents que le monde ait jamais connu. Quand il chantait une chanson du haut de ses 8 ans, il pouvait vous faire vibrer avec ses mots comme l’aurait fait un adulte. Il bougeait avec l’élégance de Fred Astaire et le punch de Mohamed Ali. Sa musique était auréolée d’une magie inexplicable qui ne se contentait pas de nous faire danser, il nous faisait croire que nous pouvions voler, être tout ce que nous souhaiterions être. C’est ce que font les héros et Michael Jackson était un héro.

Il s’est produit dans les plus grands stades de foot du monde, il a vendu des centaines de milliers de disques, il a dîné avec des premiers ministres et des présidents. Les femmes tombaient amoureuses de lui, les hommes tombaient amoureux de lui. Tout le monde voulait danser comme lui. Il semblait venir d’un autre monde, mais il était aussi un humain.

Comme la plupart des artistes, il était timide et devait gérer son manque d’assurance. Je ne peux pas dire que nous étions de grands amis mais en 1991, j’ai décidé d’apprendre à mieux le connaître. Je lui ai proposé d’aller diner, seulement lui et moi. Il a accepté et est venu chez moi sans garde du corps. Nous sommes allés au restaurant dans ma voiture. Il faisait nuit dehors mais il portait quand même ses lunettes de soleil. Je lui ai dit : ‘Michael, j’ai l’impression de parler à une limousine. Pourrais-tu enlever tes lunettes pour que je puisse voir tes yeux ?’ Il a jeté ses lunettes par la fenêtre, m’a regardé en me faisant un clin d’oeil et un sourire et m’a dit : ‘Tu peux me voir maintenant ? C’est mieux comme ça ?’. A ce moment, on pouvait voir à la fois sa vulnérabilité et son charme. Pendant le diner, j’étais décidé à lui faire manger des frites, boire du vin, prendre un dessert et lui faire dire des gros mots, des choses qu’il semblait ne s’être jamais autorisées à faire.

Plus tard, nous sommes rentrés chez moi regarder un film, assis sur le canapé comme deux gosses, et au milieu du film, il m’a pris la main. J’ai senti qu’il était plus à la recherche d’une amitié que d’une romance et j’étais heureuse de lui apporter cela. A ce moment, il n’était pas une superstar, juste un être humain. Nous sommes encore sortis ensemble quelques temps, puis sans raison valable, nous avons perdu le contact. Puis la chasse aux sorcières a commencé. Les histoires négatives sur Michael se succédaient. Je ressentais sa peine, je sais ce que c’est que de marcher dans la rue et de sentir le monde entier contre vous. Je sais ce que c’est que de se sentir impuissant et incapable de se défendre parce que les hurlements des lyncheurs sont tellement forts que vous avez l’impression que personne ne vous entendra.
Mais j’ai eu une enfance et on m’a autorisé à faire des erreurs pour trouver ma place dans le monde sans être sous le feu des projecteurs.

Quand j’ai appris la mort de Michael, j’étais à Londres, quelques jours après le coup d’envoi de ma tournée. Michael devait se produire dans la même salle à peine une semaine plus tard. Tout ce que je me suis dit à ce moment-là est : ‘Je l’ai abandonné’. Nous l’avons tous abandonné. Nous avons permis que cette magnifique créature, qui avait autrefois enflammé le monde, se glisse en quelque sorte à travers les mailles du filet. Pendant qu'il tentait de fonder une famille et de reconstruire sa carrière, nous portions tous un jugement sur lui. La plupart d’entre nous lui avait tourné le dos. Dans une tentative désespérée de s'agripper à sa mémoire, je suis allée sur internet pour regarder ses vieux clips, ses différentes prestations à la télé ou sur scène et j'ai pensé: "Mon Dieu, il était si unique, si original, si rare, et il n’y aura plus jamais quelqu'un comme lui". Il était un roi.

Mais il était aussi un être humain, et hélas nous sommes tous des êtres humains, et quelque fois nous avons besoin de perdre quelque chose pour l’apprécier à sa juste valeur. Je veux finir par une note positive en disant que mes fils de 9 et 4 ans sont obsédés par Michael Jackson. Ils passent leur temps à se mettre la main à l’entrejambe et à danser le moonwalk. Une nouvelle génération d’enfants a découvert son génie et l’a ramené à la vie. J’espère qu’où qu’il soit en ce moment, Michael en sourit.
Oui, Michael Jackson était un être humain mais il était un roi. Longue vie au roi."

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